Une solution pour l'Afrique

C’est le titre de l’excellent livre de Kako Nubukpo, commissaire chargé du département de l’Agriculture, des Ressources en eau et de l’Environnement de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine), qui regroupe 8 Etats membres : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Il existe par ailleurs une autre structure, la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Elle regroupe 15 Etats : ceux précédemment cités auxquels s’ajoutent le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigéria et la Sierra Leone. Cette dernière a été créée en 1975 tandis que l’UEMOA a été créée en 1994.
Nous entrerons plus tard dans le détail des propositions très pertinentes de Kako Nubukpo. Aujourd’hui nous aborderons une seule question, de grande importance, la structure politique de la CEDEAO. La grande question qui se pose est de décider si cette structure doit être une fédération ou une confédération.
Kako Nubukpo est partisan d’un développement économique centré sur l’agriculture, avec l’objectif d’établir l’autosuffisance alimentaire de l’Afrique en général et de la CEDEAO en particulier. Ceci offrirait d’ailleurs l’avantage de créer de nombreux emplois et de désengorger les villes. Sans compter le fait que cette zone pourrait ainsi rendre sa balance commerciale positive. A condition, toutefois, que soient mises en place des barrières douanières protégeant l’économie locale des produits français.
Deux difficultés se présentent : pour établir des barrières douanières protégeant les Etats membres de la CEDEAO, il faut une décision politique globale, ce qui pousse à l’intégration de ces pays au sein d’une même fédération. De plus, le principe est acquis qu’il faut abandonner le Franc-CFA pour une monnaie commune, du fait du rôle économique néocolonial de cette monnaie. C’est une deuxième raison en faveur de la fédération car, contrairement aux décisions prises, la banque centrale, appelée BCEAO, ne doit pas être une banque indépendante du pouvoir politique comme cela a été décidé en 2010 – contre l’avis de Kako Nubukpo – mais au contraire dépendante de celui-ci afin que le gouvernement fédéral (à mettre en place) dispose de l’outil nécessaire pour mener la politique monétaire appropriée.
Cette problématique ressemble à ce que nous vivons avec l’Union Européenne. Et Kako Nubukpo, bien évidemment, en est très conscient. Il serait donc très tentant de copier l’un sur l’autre. Mais – et c’est ici notre point de vue que nous présentons – autant nous luttons pour la dissolution de l’UE au profit d’une Europe des Nations, autant il serait préjudiciable pour la CEDEAO d’adopter la même voie.
En effet, ce dont a besoin la CEDEAO – et Kako Nubukpo en est conscient – c’est d’une unification monétaire. Mais, sans doute pour des raisons diplomatiques (afin de ne pas effrayer les Etats-Unis), il se prononce pour une monnaie commune et non une monnaie unique, reportant à plus tard cette deuxième solution. Cela conduit nécessairement à des conflits multiples entre Etats établissant chacun son propre taux de change, empêchant ainsi le développement d’un marché unique.
La meilleure solution serait que la CEDEAO se transforme en une fédération, avec tous les attributs politiques que cela implique. C’est ce que nous lui souhaitons, contrairement à la position que nous adoptons vis-à-vis de l’UE. Cependant, il y a une condition pour que cela se fasse, la même que celle que nous préconisons en Europe : que les Etats membres deviennent tous chrétiens. Ce n’est qu’ainsi que pourront être dépassés les égoïsmes nationaux pour aller dans le sens du bien commun.

Christ vaincra

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