Pour ou contre la démocratie

La première réaction d’à peu près tout interlocuteur si vous osez poser une telle question sera – ouvertement ou secrètement – « c’est un fou ! » et « Comment peut-on poser une telle question ? ». C’est dire si nous sommes tombés dans la plus grande idolâtrie, c’est-à-dire une attitude qui consiste à prendre quelque chose pour un absolu. C’est bien le cas du concept de démocratie. N’oublions pas que c’est le discours idéologique permanent des Etats-Unis qui veulent imposer au monde entier une formule de gouvernement qu’ils jugent la meilleure au monde. Voilà pourquoi, grâce aux media, nous sommes intoxiqués par cette idée soi-disant universelle.
Et pourtant Bernard Lugan, spécialiste de l’Afrique, explique que ce modèle ne peut pas s’appliquer au continent africain, très marqué par la rivalité entre les ethnies. Autrefois, avant la colonisation occidentale, c’était parfois une ethnie minoritaire qui dirigeait le pays et tout le monde s’en accommodait. Ce fut le cas, par exemple, du Rwanda, pays dans lequel coexistent les hutu (majoritaires) et les Tutsi (minoritaires). Ces derniers, plus cultivés, ont dirigé le pays pendant des siècles. La logique démocratique, qui a amené les hutu au pouvoir, a entraîné la guerre civile. C’est juste un exemple pour dire qu’on ne peut pas généraliser.
En France, nous avons plein d’exemples d’une démocratie qui ne fonctionne pas, le contraire étant tout à fait illusoire. On pense d’abord au référendum de 2005 sur le projet de traité constitutionnel pour l’Union Européenne – refusé par 55% des Français puis imposé par Nicolas Sarkozy grâce à une pirouette juridique – mais aussi aux lois ayant pour motif la destruction de la famille traditionnelle (lois Veil, Taubira, etc.) et aux décisions stratégiques contribuant à détruire la France, comme par exemple l’affaire Alstom, c’est-à-dire « la livraison de sa division nucléaire à la société américaine General Electric qui fut avant tout une opération destinée à nous enlever notre souveraineté sur le nucléaire civil et militaire au profit des Etats-Unis » (Rivarol du 7/12/2022). Jamais un roi de France n’a procédé ainsi, en abandonnant une partie du patrimoine national.
Il en est de même avec le nucléaire, dont le sabotage a été systématique au cours des deux dernières décennies. Mais nous reviendrons plus en détail sur ce sujet dans un prochain article.
Est-ce simplement des maladresses, ou une incompétence de nos dirigeants politiques ? Non. C’est bien plus grave. Une maladresse ou une incompétence, cela se corrige. Il s’agit au contraire d’une corruption généralisée. Comment expliquer autrement que tous les partis politiques français se plient aux volontés du mondialisme sans manifester aucune résistance ?
Nous savons comment fonctionne le Parlement : tous les députés - quasiment obligés de se présenter sous l’étiquette d’un parti, sinon ils ont très peu de chances d’être élus – doivent voter en conformité avec ce que veut le chef du parti. Il suffit donc que l’oligarchie mondialiste corrompe les dirigeants des cinq ou six partis dominants pour que le Parlement lui soit soumis.
Mais, dira-t-on, peut-on faire autrement ? Bien sûr. Pensons à la philosophe Simone Weil qui, il y a à peu près un siècle, avait déjà dénoncé le régime des partis qui, disait-elle, ne représentent qu’eux-mêmes mais pas la population. La doctrine sociale de l’Eglise nous apprend qu’une bien plus juste représentation de la population s’obtient en s’appuyant sur les corps intermédiaires.
Rejoignons sur ce point Charles Maurras, qui disait

L’autorité en haut, la démocratie en bas

Cela signifie qu’il existe des domaines – les questions sociétales et les choix stratégiques en matière d’énergie et de défense nationale notamment – qui sont du ressort du pouvoir régalien. Quant aux questions de vie quotidienne, elles peuvent être réglées dans les instances de pouvoir local, telles que la commune, le « pays », le département et la région.

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