Dieu est-il mort ?

C’est la question posée par le Figaro du 27/10/2022 à deux philosophes, Alain Finkielkraut, membre de l’Académie française, et Pierre Manent, professeur de philosophie politique.
Alain Finkielkraut donne sa réponse : « l’inexistence de Dieu s’impose à moi avec la force de l’évidence ». Cependant sa position est ambigüe : « (…) Dieu n’existe pas mais je respecte la richesse de la pensée chrétienne ».
Ensuite, il invente une théorie, sans doute pour contrer la doctrine chrétienne comme nous le verrons plus loin. Ainsi Alain Finkielkraut distingue trois parties chez l’homme : « trois ordres : l’ordre de la chair, l’ordre de l’esprit et l’ordre de la charité ». Et il fait appel à Pascal pour justifier sa théorie, à savoir que l’esprit, c’est-à-dire, selon lui, la pensée de l’homme, est autonome par rapport aux contraintes matérielles mais aussi de « la charité » qu’il assimile au domaine de Dieu ou, plus simplement, de la religion.
D’une manière bien plus rigoureuse, la doctrine chrétienne analyse que l’homme est fait de trois parties : le corps, l’âme (l’intelligence de l’homme, sa sensibilité, en un mot sa personnalité) et l’esprit (la parcelle de Dieu en l’homme). Il y a une certaine ressemblance avec la théorie professée par Alain Finkielkraut, si ce n’est que, ne voulant nommer Dieu, il parle de charité. En fait, en tant qu’athée, il confond Dieu et la religion.
On le voit dans la suite de son discours : « sous l’égide de ce pape (François), le christianisme devient vraiment ‘’la religion de la sortie de la religion. (…) Le christianisme n’est plus un culte mais une morale. (…) Avec la morale humanitaire dans laquelle se reconnaît et s’accomplit le néochristianisme, la sagesse de l’amour est congédiée. (…) Qu’est-ce aujourd’hui que le Vatican, sinon une ONG planétaire ? ». Curieusement, pour un athée, il a une vision très pertinente de l’Eglise conciliaire. Comme il le dit, elle ressemble fort à une ONG planétaire !
Voyons maintenant ce qu’en dit le catholique Pierre Manent. Tout d’abord, il formule, avec d’autres mots, la même analyse de l’Eglise conciliaire. Il constate en effet que « les fidèles ont perdu l’habitude de définir et de formuler l’objet de leur foi dans l’espace public. (…) Celui-ci se laisse envelopper dans cette religiosité qui forme ce qu’on peut appeler la religion civile de l’Europe, (…) à savoir la religion humanitaire. »
Malheureusement, à la question « que diriez-vous sur le dialogue entre le judaïsme et la proposition chrétienne ? », Pierre Manent répond « C’est une même religion, séparée en deux branches qui, pendant deux mille ans, se sont rejetées et réprouvées réciproquement. (…) L’Eglise catholique a officiellement renoncé à cette ‘’théologie de la substitution’’. (C’est une) évolution fort heureuse. (…) et il ajoute (à propos des Psaumes) « il y a là une communauté de prière, c’est-à-dire une communion d’intention, dont on peut souhaiter qu’elle soit davantage reconnue, et reconnue de manière mieux partagée ». Là, au contraire, il reste totalement dans la logique de Vatican II, qui a imposé aux fidèles la « liberté religieuse », c’est-à-dire une vision dans laquelle toutes les religions sont à mettre sur le même plan. C’est, bien entendu, une pure hérésie, puisque Jésus a dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14, 6).
En fait, lorsque le Figaro pose la question « Que faire du christianisme aujourd’hui ? », il entretient la confusion – que ne relève aucun des deux philosophes – entre Dieu et le christianisme, ce dernier n’existant que tant que l’Eglise catholique existe. On voit le double dérapage.
Résumons. 1) Dieu existe, cela peut se démontrer scientifiquement (ce que confirme Saint Paul - Rom. 1, 20-21) ; 2) La Bible exprime la Parole de Dieu, cela peut se démontrer rationnellement ; 3) Ce n’est pas parce que l’Eglise catholique est tombée dans l’hérésie que le christianisme cesse d’exister.
Quant à la question « Que faire du christianisme aujourd’hui ? », il n’y a qu’une seule réponse : il y a incompatibilité entre république et christianisme (voir les articles 3 et 4 de la DDHC de 1789). Donc le christianisme est la seule alternative à la république satanique. Et la traduction politique de ce constat ne peut être que la royauté.

Christ vaincra

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