Quel pouvoir instaurer ?

Dès qu’on prononce le mot « pouvoir », une foule de questions se posent. La première idée qui vient est que c’est l’oligarchie mondialiste qui le détient et qui n’est pas prête à le céder. Dans la même veine, nous savons que, depuis la révolution française, c’est la franc-maçonnerie qui s’est installée au pouvoir et qui manipule en coulisse tous les hommes politiques. Ou la plupart d’entre eux. D’où la question qui vient à l’esprit : comment chasser ces gens-là du pouvoir ? Et quel autre pouvoir mettre en place ?

Depuis 1789, on entretient le mythe du pouvoir de la nation : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément » (Article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789). La deuxième phrase laisse perplexe, nous qui vivons au XXIème siècle et avons donc deux cents ans d’histoire pour en juger. Peut-on dire que les partis politiques sont « l’émanation directe de la nation » ? On ne trouvera sans doute aucune personne sincère pour défendre cette affirmation. La philosophe Simone Weil a d’ailleurs fait de longs développements pour expliquer que les partis politiques ne représentent qu’eux-mêmes, mais certainement pas le peuple.
Alors, par quoi les remplacer ? Avant de répondre à cette question, il nous faut faire un détour par la notion d’aristocratie. Etymologiquement, ce terme veut dire « le gouvernement des meilleurs ». D’où la nouvelle question : qui va sélectionner ceux qu’on jugera être les meilleurs ? Et qu’entend-on par « meilleur » ?
Notons que ce terme s’oppose à l’une desdites valeurs de la république : l’égalité. Selon ce principe, tout citoyen peut prétendre devenir le président de la république. On voit le ridicule de la chose : bien sûr, et chacun au fond de soi le sait bien, les hommes ne sont pas égaux. Il y en a de plus compétents que d’autres. Nouvelle question : quel est le critère de la compétence ?

Il y a trois réponses possibles à cette question. De même qu’il y a trois métiers de base – le marchand, le soldat et le prêtre – il y a fondamentalement trois régimes politiques, selon que le pouvoir est détenu par le marchand, par le soldat ou par le prêtre. Un pouvoir détenu par le marchand, nous y sommes : c’est l’hégémonie des puissances financières. Un pouvoir détenu par le soldat, c’est-à-dire par la force, nous en avons un exemple en Chine : tout le pouvoir est entre les mains du parti communiste chinois, avec à sa tête un super-dictateur. Dans ce régime politique, les entreprises ont un semblant de liberté, à condition de mettre en œuvre la politique du parti et le peuple n’a aucun pouvoir.

Reste le régime politique dont le pouvoir est entre les mains du prêtre. En fait, il faut comprendre que c’est une image, un symbole. Le pouvoir du prêtre, cela veut dire le pouvoir de Dieu. En quoi est-ce le pouvoir de Dieu ? Parce que le roi, étant « le lieutenant de Dieu sur terre », a pour souci de mener une politique conforme à la volonté de Dieu, allant donc dans le sens du bien commun. Mais non pas à la mode chinoise, ou celle préconisée par le Great Reset - dans laquelle ce qu’est le bien-être est décidé en haut lieu - mais par la mise en œuvre du principe de subsidiarité : la responsabilité de la prise de décision commence en bas de l’échelle sociale, en gravissant les échelons un à un dès que l’on a atteint, à un niveau donné, le plafond de compétence.
En résumé – et pour revenir à la question initiale, celle du critère de la compétence – tout dépend du régime politique visé : on choisit les plus compétents du point de vue de la gestion financière, ou du point de vue de la force, ou encore du point de vue de la spiritualité, donc du bien commun. Jésus a dit, en effet : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34). Remarquons au passage que c’est l’opposé de ce que préconise la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (article 4), donc une vision totalement individualiste du comportement humain.

Comme l’explique très bien le philosophe Julien Freund, tout corps social a son élite. Comme nous venons de le voir, la question du pouvoir se décompose en deux : quel pouvoir royal et quel pouvoir du peuple ? En ce qui concerne le roi, celui qui émergera sera celui qui a la plus grande spiritualité, c’est-à-dire celui qui est capable de s’approprier la parole de Bernanos : « Un roi n’est pour moi que le premier serviteur du peuple, le protecteur naturel du peuple contre les puissantes oligarchies, hier les féodaux, à présent les trusts ».
Quant au pouvoir du peuple, il faut mettre en place un système de représentation qui fasse émerger l’élite des corps sociaux, ceux qui apparaissent aux yeux du peuple les plus capables de mettre en œuvre la parole de Saint Paul : « En effet, Dieu nous a appelés, non pas pour que nous restions dans l’impureté, mais que nous vivions dans la sainteté » (1 Tess. 4, 7)

Notre proposition – qui devrait logiquement être débattue dans le cadre d’une Assemblée Constituante – est la mise en place, au niveau de chaque département, de 4 collèges électoraux : un collège électoral pour les salariés, un collège électoral pour les entrepreneurs et cadres, un collège électoral pour les familles et un collège électoral pour les agriculteurs. On peut, bien sûr, être électeur dans plusieurs collèges. Ainsi sont élus des « grands électeurs » (environ 2300 soit 4 par circonscription x 577 circonscriptions) qui éliront parmi eux les députés qui siégeront à l’Assemblée Nationale, de l’ordre de 400.

Vive le roi Louis XX
Des représentants du peuple issus des forces vives du pays

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