Les races existent-elles ?

Ainsi que nous le relate Le Monde du 27/06/2018, les députés ont voté pour la suppression du mot « race » de l’article 1er de la Constitution, lors de l’examen du projet de loi constitutionnelle en commission. Le mot « race » doit être retiré de l’article prévoyant que la République « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Mais aucun député n’a émis la moindre réserve sur le fait que ce vote ne sert à rien puisqu’il est en contradiction avec ce qu’énonce explicitement le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 dans son article 16 - « La France forme avec les peuples d'outre-mer une Union fondée sur l'égalité des droits et des devoirs, sans distinction de race ni de religion » - sachant que le Préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 y fait clairement référence : « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu'aux droits et devoirs définis dans la Charte de l'environnement de 2004 ».
Rappelons au passage que la Constitution ne peut être modifiée que par le Parlement réuni en Congrès et que, tant que celui-ci ne s’est pas réuni, le vote n’a aucune valeur. Quant à la date de sa réunion, programmée pour le mois de juillet de cette année, nous savons comment, avec l’affaire Benalla, Emmanuel Macron a été obligé de la reporter…
Tout cela n’est qu’une question de forme et prête surtout à rire. Mais voyons maintenant le fond. Première remarque (à supposer que le texte prenne un caractère officiel) : si, demain, un citoyen agresse un africain sous prétexte qu’il est noir, il ne pourra pas être accusé de raciste puisque cette notion n’existe plus !
Deuxième remarque : nous sommes en présence d’une manipulation grossière. On confond la notion de race et le racisme. Le dictionnaire Larousse (édition de 2003) nous donne une définition de ce dernier terme : « idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humaine, les races ». Et il donne la définition de la race : « subdivision de l’espèce humaine en Jaunes, Noirs et Blancs selon le critère apparent de la couleur de la peau ».
De même, le Grand Robert donne la définition suivante du racisme : « Théorie de la hiérarchie des races qui conclut à la nécessité de préserver la race prétendue supérieure de tout croisement, et à son droit de dominer les autres ». Et le dictionnaire ajoute ce commentaire : « Le racisme n’a aucune base scientifique ». Notons aussi la définition qu’il donne de la race : « Groupe ethnique qui se différencie des autres par un ensemble de caractères physiques héréditaires (couleur de la peau, forme de la tête, proportion des groupes sanguins, etc) représentant des variations au sien de l’espèce ».
En conséquence, la race est un concept scientifique que l’on ne peut pas ignorer. Que des députés, à l’unanimité, aient décidé de supprimer le respect de l’égalité des citoyens, quelle que soit leur race, nous amène à nous interroger : ou bien ils ont tous perdu la mémoire sur une réalité banale de l’existence – ce qui parait invraisemblable – ou bien, ce qui est le plus sûr, ils subissent une telle dictature au sein de leur parti politique qu’il leur est interdit d’exprimer leur propre opinion. Voilà la démocratie dont on nous vante les mérites !
Le drame de la république est que la notion de bien commun est oubliée au profit de calculs politiques ayant pour enjeu le pouvoir. Déjà dans les années 30, la philosophe Simone Weil avait dénoncé la nuisance des partis politiques, qui ne représentaient qu’eux-mêmes mais pas la population. Plus tard, le Général De Gaulle essaya d’inscrire dans la constitution l’existence d’un pouvoir, celui du président de la république, censé être au-dessus des partis. Non seulement il a échoué mais la constitution de la Vème république est toujours là et les partis politiques se sont arrangés pour neutraliser ce qui n’était que le rêve d’un républicain.
Conclusion : un arbitre au-dessus des forces politiques, que ce soit des partis ou d’autres structures de pouvoir, ne peut exister dans le cadre de la république.
Vive le roi Louis XX !


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