Des villes sans humanité...

On nous annonce sur les ondes, comme si c’était un grand progrès, que la ville de Bordeaux ne sera plus qu’à deux heures de Paris, grâce au TGV. Et en même temps, une enquête locale sur Bordeaux nous apprend que Bordeaux est envahie par de nombreux parisiens décidés à y établir leur résidence principale, sans doute pour fuir le gigantisme de Paris. Tout cela n’est pas pour plaire aux jeunes ménages bordelais qui ne trouvent plus à se loger du fait de l’augmentation des prix de l’immobilier.
Personne n’y trouve son compte, pas même ces parisiens qui « émigrent », car passer quatre à cinq heures par jour à se transporter entre son domicile et son travail n’est pas ce qu’on pourrait appeler une qualité de vie !
Quant aux parisiens, ou plutôt ceux qui vivent dans les banlieues proches, voilà que leur vie de quartier va être anéantie, tout au moins pour ceux qui vont « profiter » du « Grand Paris ». Ainsi certains centres-villes vont être complètement détruits pour laisser la place à une grande gare de métro – incluant des surfaces commerciales – et à des logements à des prix que les habitants du quartier ne pourront pas payer. C’est toute une convivialité qui disparaît ainsi.
Mais fait-il bon vivre dans les plus petites villes de province ? Que nenni ! On assiste partout, depuis des années, à une disparition du petit commerce dans les centres-villes, principalement du fait des grandes surfaces, situées à la périphérie car c’est le seul moyen d’y installer de grands parkings. C’est donc un double phénomène de désertification auquel nous assistons : le dépeuplement des villages d’une part, des centres des villes moyennes d’autre part.
Pour couronner le tout, le nombre d’agriculteurs est en diminution régulière, pour faire place aux gigantisme des exploitations agricoles. Et parmi ceux qui ne suivent pas le rythme, beaucoup se suicident, un tous les deux jours. Ce n’est pas ainsi qu’on va repeupler les campagnes…
Ce n’est pas une fatalité
A première vue, on voit mal comment cela pourrait se passer autrement. On a tendance à vivre cette situation comme une fatalité. Pourtant on peut en sortir, mais pour cela il faut complètement changer de paradigme. Le « progrès » n’est pas le nouveau dieu devant lequel il faut s’incliner. Constatons une fois de plus en quoi l’enseignement du Christ est une grande vérité : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Luc 16, 13). Car nous savons bien que, derrière ces soi-disant progrès, il y a une logique financière.
Le budget du Grand Paris se situe autour de 45 milliards d’euros, soit 2% du PIB ! On pourrait en financer des projets si un gouvernement voulait jouer la carte de l’aménagement du territoire ! Mais on se heurte immédiatement à la question du chômage : Paris attire les populations car on a davantage de chances d’y trouver un emploi. C’est cela qu’il faut changer.
Nos recherches nous ont amené à définir une économie à trois facettes. Mais avant d’en donner une illustration, il est bon de lui donner un nom. Pour ce faire, nous sommes obligés de former un néologisme. Soit nous empruntons à la botanique, et nous obtenons « économie triandre » ; soit nous déclinons le terme bien connu d’économie duale, ce qui donne « économie triale ».
Commençons par définir la proportion du PIB qui doit être consacrée à notre défense. Si l’on y inclut l’industrie militaire et les recherches avancées nécessaires à nous doter des armements d’avant-garde, cela peut représenter – soyons larges – 20% du PIB. C’est incontournable pour deux raisons : il faut avoir une armée forte pour ne pas se faire envahir, ou coloniser  - comme c’est actuellement le cas de la France et de la majorité des Etats européens dans leurs rapports avec les Etats-Unis – et, par ailleurs, un Etat n’est considéré dans le concert des relations internationales que s’il est suffisamment puissant. C’est ce que nous pouvons appeler le « secteur régalien »
Viennent ensuite les activités relatives à la grande industrie, nécessairement en compétition avec des activités équivalentes à l’étranger, telles que le nucléaire, l’aéronautique et l’automobile. C’est le secteur concurrentiel et il correspond actuellement en France à moins de 10% du PIB. Bien entendu, ce sont des activités qui cherchent à se développer au niveau international, donc exportatrices.
Restent toutes les autres activités de production de biens et de services, qui représentent de l’ordre de 70% du PIB. Rien ne nous oblige à être compétitifs pour ce qui concerne la satisfaction des besoins de consommation des ménages. Si nous sommes amenés à payer plus cher une production nationale, globalement nous aurons des appareils électroménagers moins performants, des vêtements qu’on pourra renouveler moins souvent et moins d’équipements électroniques. En échange, nous aurons une industrie pérenne, sans risque de fermeture d’usines, donc la garantie d’un emploi pour tous, et ce dans des zones rurales qui retrouveront une nouvelle vitalité. N’est-ce pas un mieux du point de vue de la qualité de vie ? Nous appellons ce secteur le « secteur protégé » car il est, par choix politique, à l’abri de la concurrence étrangère et ne cherche pas, lui-même, à exporter.
Bien sûr, nous sommes obligés de conclure par une approche politique. Remplacer le dieu-argent par le Dieu-amour ne peut se faire que par un changement de régime politique, avec un chef d’Etat non soumis aux puissances financières, ce que seul peut faire un roi très chrétien.
Vive le roi Louis XX


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