Des enseignants à bout de souffle

« Des enseignants à bout de souffle qui décident de se reconvertir » : c’est le titre d’un article du Figaro du 14 janvier. D’ailleurs on les a vus la veille dans les manifestations organisées à la suite de l’appel syndical à la grève. Certes, les banderoles mettaient en évidence le « ras-le-bol » des enseignants face aux protocoles sanitaires qui se succèdent les uns derrière les autres. Mais il y a autre chose. La crise sanitaire n’est pas une cause suffisante pour démissionner et changer de métier.
Le journaliste du Figaro explique : « Ces professeurs démissionnaires reprochent systématiquement ‘’l’infantilisation’’ à laquelle les soumet une institution ‘’caporaliste’’. (…) Ce qui les tient, ce sont les élèves. (…) Mais ils décrivent parallèlement une ‘’perte de sens’’ du métier ». A titre d’illustration, l’article donne la parole à un docteur en biologie (bac + 8) devenu temporairement enseignant du fait de la crise sanitaire. Ayant été visité par deux inspectrices, il raconte : « Je n’ai pas été formé dans l’Education Nationale, ce qui ne leur a visiblement pas plu. Elles m’ont expliqué que j’allais devoir désapprendre et appliquer la pédagogie officielle ».
Quelle est donc cette pédagogie officielle ? Si ce n’était si dramatique, c’est à mourir de rire. Parmi les reproches formulés dans le rapport, elles pointent un enseignement « trop axé sur l’acquisition des savoirs », « de nombreux travaux d’élèves axés sur des productions écrites qui imposent de développer des capacités rédactionnelles », ou encore « une trace écrite des élèves trop structurée par l’enseignant ». Et l’enseignant précise : « On m’a expliqué que je formatais les élèves, que j’utilisais trop l’écrit et le par cœur, que je ne devais pas avoir des cahiers de ‘’leçons’’, mais de ‘’recherches’’, qu’il fallait laisser les élèves construire leur savoir ». Et l’enseignant conclut : « L’institution est devenue folle. Pour les collégiens en difficulté, c’est une catastrophe. Et la France s’enfonce dans les classements Pisa ».
A travers ce témoignage, on a là la quintessence de la pédagogie diffusée dans les Espé (Écoles supérieures du professorat et de l'éducation) qui ont remplacé – au niveau de l’appellation mais pas du contenu – les IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres). On apprend aux futurs enseignants qu’ils ne sont pas là pour transmettre, mais que c’est l’élève qui est l’artisan de son propre apprentissage. Cette pédagogie est-elle dans l’intérêt de l’élève ? Assurément non. L’enseignant mentionné craint pour les collégiens en difficulté. Mais c’est négatif pour tous les collégiens. Comment peut-on demander à un enfant de redécouvrir les connaissances que les adultes ont mis des générations à acquérir ? Pas étonnant que la France s’enfonce dans les classements Pisa.
Mao avait coutume de dire « un se divise toujours en deux ». Son intuition d’athée était juste, même s’il ne voyait que l’aspect matériel des choses. Effectivement, en toute action humaine, il y a deux logiques possibles : une action qui entraîne l’homme vers Dieu ou, au contraire, une action sous l’emprise du Diable. Dans le cas présent, c’est évidemment la deuxième logique qui est à l’œuvre.
On voit là, sous des apparences humanitaires auxquelles, peut-on penser, se sont laissées piéger les deux inspectrices, l’œuvre de la franc-maçonnerie dont la devise est « ordo ab chaos », c’est-à-dire tout détruire avant de reconstruire le nouvel ordre mondial.

C’est évidemment cet enseignant qui a raison. Il faut revenir aux méthodes d’enseignement traditionnelles : faire des résumés écrits de ce que l’on doit retenir, faire travailler la mémoire de l’enfant, lui apprendre à raisonner. Mais les résistances sont fortes. En 2005, Gilles de Robien, alors ministre de l’Education Nationale, fut le seul à s’attaquer à la méthode globale d’apprentissage de la lecture, qu’il voulait, à juste raison, interdire. Il crut y arriver, et découvrit après son départ que les syndicats avaient manipulé le texte de la convention rendant inopérante cette interdiction ! Les syndicats d’enseignants trouvaient en effet plus confortable de continuer avec la méthode globale, sans se préoccuper de l’intérêt des enfants.

Même en imaginant un changement radical de gouvernement, on ne peut envisager ni une façon coercitive d’obliger les enseignants à changer, ni un licenciement de tous les récalcitrants. Il faut une méthode plus souple et plus participative. La seule qui soit efficace est la mise en concurrence des établissements scolaires. Il faut donc que les chefs d’établissement aient plein pouvoir de recruter les enseignants qui feront partie de leur équipe et qu’ils aient pleine liberté de choisir, avec les enseignants, la pédagogie la plus efficace.
A cette fin, il faut inventer un système qui mette sur le même plan les établissements publics et privés. Que les parents puissent choisir pour leurs enfants l’école qui leur convient, sans avoir de contraintes financières. Un tel système existe (sur papier) : c’est le « chèque scolaire ». Pour simplifier, disons que le budget de fonctionnement de l’Etat est réparti entre les différentes familles – une sorte de chèque – au prorata du nombre d’enfants. Et les parents transmettent ce « chèque » à l’établissement scolaire qu’ils auront choisi.
Cependant, il faut lever une objection. Certains diront : « avec un tel système, vous allez encourager la multiplication des écoles coraniques ». C’est possible. C’est pourquoi la mise en œuvre du « chèque scolaire » ne peut être envisagée que dans le cadre d’un régime politique qui favorise l’enseignement chrétien et interdise toute école confessionnelle qui ne soit pas chrétienne. C’est-à-dire la royauté.

Vive le roi Louis XX

Plus...