Quid du pouvoir régalien de battre monnaie ?

Paragraphe 1

Parmi les différents pouvoirs régaliens – ceux que le monarque n’abandonne jamais, car ce serait mettre en péril la souveraineté nationale – il y a le pouvoir de battre monnaie. Cela signifie que la Banque de France doit cesser d’être indépendante, comme l’a voulu Pompidou avec sa loi inique de janvier 1973, et revenir sous la tutelle du gouvernement.
La démonstration de la justesse de ce principe apparaît clairement dans la confrontation en cours entre Donald Trump et Janet Yellen, la présidente du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis. Le premier a besoin de taux d’intérêt bas pour lancer ses grands travaux, alors que la seconde envisage d’augmenter les taux d’intérêts. Si elle va jusqu’à 5%, le programme de grands travaux de Trump est irréalisable, ce qui le conduirait à abandonner sa promesse de relancer la croissance et d’augmenter ainsi les emplois.
Venons-en à la campagne électorale qui vient de démarrer en France. Dans la logique mondialiste qui est la leur, l’ensemble des partis reste dans le cadre de l’Union Européenne et donc de l’euro. Dans un passé récent, le Front National était le seul à intégrer dans son programme la sortie de l’euro et le retour au Franc. Or, comme nous le fait remarquer Christophe Servan sur le forum du Boulevard Voltaire d’une manière très pertinente en date du 17 février, « chose incroyable, le mot « euro » ne figure pas une seule fois dans le projet présidentiel en 144 propositions de Marine Le Pen ».
Marine Le Pen s’en explique dans son « engagement N°1 » : « Retrouver notre liberté et la maîtrise de notre destin en restituant au peuple français sa souveraineté (monétaire, législative, territoriale, économique). Pour cela, une négociation sera engagée avec nos partenaires européens suivie d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne ». Elle adopte ainsi une position prudente, sans renier sa volonté de sortir la France de l’Union Européenne.
Voyons maintenant les objections que font des personnes qui ne sont pas liées à un parti politique. Elles sont au nombre de deux. Christophe Servan, dans le forum du Boulevard Voltaire du 17 février, explique sa position : « Les agences Moody’s et Standards & Poor’s ont d’ores et déjà déclaré que la conversion en nouveaux francs de la dette française actuellement libellée en euros serait considérée comme un défaut de paiement. (…) Cela implique que l’État français ne serait pas en mesure de lever des fonds sur les marchés pendant un laps de temps indéfini, des fonds qui lui sont indispensables pour payer ses fonctionnaires ». Cette déclaration des agences est du bluff. Elle entre tout simplement dans le cadre de la propagande mondialiste empêchant tout membre de l’UE d’en sortir. Le droit international est très clair sur cette question.
Par contre, il est tout à fait possible que l’hyper classe mondialiste déclenche des sanctions sous la forme d’un blocage de tout accord de crédit par les banques. Nous sommes donc sur le terrain politique et non juridique. Effectivement, le retour à la souveraineté nationale a un prix : la France va entrer dans une zone de turbulence, un peu comme Donald Trump en ce moment, qui se trouve confronté à toute une administration manipulée par les mondialistes qui ne pense qu’à lui mettre des bâtons dans les roues.
Il y a plusieurs solutions à ce type de problème, notamment : 1) prévoir un budget équilibré qui assure le paiement des salaires des fonctionnaires, ce qui est la moindre des choses ; 2) renforcer son alliance avec la Russie, ce qui peut lui permettre de trouver de nouveaux débouchés commerciaux, donc des rentrées d’argent.
D’ailleurs, Christophe Servan apporte lui-même une réponse qui va dans ce sens dans un article ultérieur : « pour maximiser ses chances de réussir la sortie de l’euro, Marine Le Pen n’a pas le choix : elle doit ruser. Dans un premier temps, faire mine de renoncer à son projet, puis s’efforcer de ramener le budget à l’équilibre tout en faisant racheter petit à petit la dette aux mains des étrangers par la Caisse des dépôts, enfin, dans la cinquième année de son quinquennat, un dimanche soir, annoncer le retour immédiat au franc ». C’est effectivement une voie de sortie ; peut-être MLP y pense sans le dire…
Une objection plus difficile à contrer est celle de Simone Wapler, directrice d’éditions de la rubrique financière AGORA : « une "monnaie souveraine" ou le "pouvoir régalien de la monnaie" sont agités par des vendeurs de lendemains qui chantent comme la solution de nos maux économiques. A l'inverse, une monnaie que nous ne contrôlons pas serait la cause de nos souffrances, en raison d'une austérité imposée par une méchante Allemagne rêvant de régner sur une Europe unifiée à la schlague ». Et elle ajoute : « Avec eux (les souverainistes), le meilleur gouvernement, c'est 100% du PIB entre les mains de l'Etat, ce qui suppose également 100% de contrôle sur la monnaie ».
C’est là un argument de très mauvaise foi. Il laisse entendre que seuls les régimes communistes mettent en œuvre le pouvoir régalien de battre monnaie, alors que c’était un pouvoir que détenaient les rois depuis plus de mille ans. Il n’y a pas du tout incompatibilité entre un régime économique libéral et la souveraineté monétaire. En effet, dans tous les régimes, il y a une incertitude sur le niveau du PIB. La banque centrale doit ajuster la masse monétaire sur le PIB estimé, alors que l’année n’est pas terminée. Même dans les régimes communistes, les technocrates ne connaissaient pas à l’avance le niveau de PIB qui serait atteint à la fin de l’année, car il y a toujours une différence entre le plan et l’accomplissement du plan.
En conclusion, même une république peut, théoriquement, mettre en œuvre sa propre politique monétaire. Mais nous vivons une époque de domination du pouvoir mondialiste, lequel interdit totalement ce type d’autonomie. Sept présidents des Etats-Unis ont été assassinés pour avoir tenté de violer cette interdiction. La seule alternative est celle que décrit la doctrine sociale de l’Eglise. Cela nécessite une large mobilisation de la population, non seulement sur la question de l’euro mais, plus globalement, contre tous les aspects pervers de la politique mondialiste, l’immigration, les attaques contre la famille, le leurre de la laïcité et bien d’autres.